C’est quoi le Muscadeath ?
Le Muscadeath (souvent surnommé “Muscad’ ”) est un festival de métal extrême enraciné à Vallet (Loire-Atlantique), au Champilambart, à deux pas de Clisson, terre bénie du Hellfest. L’événement est porté par Carnage Asso Muscadeath, une association fondée en 2002 par des membres du groupe Necrown, et animée par un noyau de trois personnes (dont Benoît et Manue Denis) épaulé par des dizaines de bénévoles. Au-delà du festival, l’asso tient scène à la Fête de la Musique de Vallet depuis 1999 et participe activement au Hellfest depuis 2008. Bref : un pilier local, fidèle à l’esprit old-school et à une ligne artistique sans compromis : black, death, brutal, thrash — du 100 % extrême.
Côté lieu, le Champilambart est une salle modulable qui accueille la culture toute l’année (jusqu’à 1 500 places debout), et qui, chaque fin septembre, se mue en cathédrale de décibels pour le Muscadeath.
La programmation 2025 (rappel par journée)
Vendredi 19 septembre, Soirée Black/Extrême
- Villes Ardentes
- Usquam
- Versatile
- Deathcode Society
- Asagraum
- Belphegor
(Prog officielle 2025.) Muscadeath
Samedi 20 septembre — Soirée Death/Extrême
- War Inside
- Tanork
- South of Hell
- Gurkkhas
- Devangelic
- Kanine
Au-delà de la programmation d’exception, ce qui marque avant tout lors du Muscadeath 2025, c’est l’ambiance unique qui s’en dégage. Metal Decadence a ressenti sur place une véritable convivialité : une équipe de production et d’organisation de passionnés, qui font absolument tout pour accueillir les festivaliers dans les meilleures conditions possibles.
La qualité de l’accueil se retrouve autant dans les espaces de restauration, la possibilité de s’asseoir ou de s’abriter, que dans le marché et le merchandising, où exposants et artisans proposent du contenu en parfaite résonance avec l’esprit du festival.
C’est un festival qui, malgré son orientation 100 % métal extrême, reste familial et accessible : on s’y sent bien, on partage, on échange. Après 23 années d’expérience, on mesure la cohésion de toute une équipe et la maturité organisationnelle acquise au fil du temps.
Un rendez-vous qui respire la communauté métal, une atmosphère où l’on se retrouve entre initiés d’un métal de niche, mais jamais fermé aux curieux. Bref : un festival à découvrir absolument, une affiche qualitative servie dans un écrin convivial, par des gens qui vivent et défendent cette musique avec passion.
Villes Ardentes
En ouverture de cette première journée, ce groupe incarne à merveille ce que beaucoup appellent “la relève” du black metal français. Formé en 2021 entre Nantes et l’Île-de-France, le trio mêle noise/indus et black old-school, propose des ambiances à la fois brutales et atmosphériques, et ose des paroles qui regardent l’histoire, les moments sombres ou marquants de notre mémoire collective. Avec Années Rouges (2023) et des compositions fiables en live, voilà un groupe qui, en tant qu’“ouverture”, porte un signal fort: le Muscadeath mise sur ceux qui veulent faire exister au-delà du simple cri
Usquam, immersion entre ombre et lumière
Deuxième groupe à se produire le vendredi soir, Usquam (à prononcer en latin, et non à l’anglaise) a frappé fort au Muscadeath 2025. Formé en 2018, ce groupe français de blackened metal se distingue par une musique hybride, qui mêle black, death, doom et post-metal. Les paroles, déclamées en français, latin et anglais, confèrent une dimension presque liturgique à leurs compositions.
Leur prestation de 45 minutes a été guidée par Jessy Christ au chant, avec un rôle central tenu par Jesse/Draugr à la guitare, épaulé par un guitariste additionnel pour élargir le spectre sonore. Le résultat : un set à la fois brutal et atmosphérique, une véritable découverte immersive pour de nombreux festivaliers.
Ce concert venait défendre leur dernier album, Ex Nihilo (sorti le 31 janvier 2025 chez Source Atone Records), un disque qui marque un nouveau départ pour le groupe. Produit au Studio Henosis par Frédéric Gervais, l’album s’appuie sur un line-up renouvelé et plus varié, notamment grâce à l’arrivée de Jessy Christ au chant. Les textes abordent des thèmes philosophiques et spirituels (l’ego, le cycle vie/renaissance/destruction, la tradition primordiale), portés par une musique qui alterne blasts furieux, atmosphères éthérées et ruptures mystiques.
Sur scène, le groupe a brillamment transposé ces ambiances grâce à un jeu de lumières précis et millimétré, soulignant chaque intervention sans jamais rompre la densité de l’atmosphère. Usquam a ainsi confirmé les promesses entrevues sur disque : une musique puissante, profonde, et ouverte à de multiples influences, qui impose leur nom comme une valeur sûre à suivre dans la scène extrême française.



Versatile, l’ascension d’un monstre industriel
Troisième groupe à monter sur scène pour cette première journée du Muscadeath 2025, les Suisses de Versatile ont confirmé leur statut de valeur montante de la scène black metal extrême. Formés en 2019 à Genève, signés chez Les Acteurs de l’Ombre Productions, ils ont rapidement imposé leur style : un Industrial Black Metal brutal et atmosphérique, porté par une esthétique visuelle macabre et théâtrale.
Après un passage remarqué cet été au Motocultor (Suppositor Stage), le groupe revenait en terres ligériennes avec une prestation attendue par un public déjà conquis. Leur set au Muscadeath a montré une fois encore la force de frappe de Versatile : une scénographie millimétrée, des atmosphères sonores aussi sombres qu’immersives, et un lien constant avec la foule. Le point d’orgue de leur show fut ce moment où Morphée (batterie) quitta son kit pour marteler un fût en acier, entraînant le public à frapper à l’unisson — une véritable communion rythmique, symbole de l’ouverture et de l’énergie brute du groupe.
Côté line-up, Hatred Salander (chant), Cinis et Famine (guitares), rejoints depuis 2023 par Morphée à la batterie, incarnent ce visage neuf et redoutable du black metal industriel. Leur discographie reflète une progression fulgurante : l’EP Atra Bilis (2022), le single Monstre (2023), et surtout leur premier album Les Litanies du Vide, sorti le 11 avril 2025. Ce disque a été salué par la presse spécialisée pour sa capacité à mêler violence sonore, atmosphères gothiques et textures électroniques, même si certains puristes du black traditionnel peuvent rester sceptiques face à ces incursions industrielles.
Sur scène, pourtant, les doutes s’évanouissent : Versatile livre une expérience totale, autant visuelle que sonore. Leur univers horrifique et théâtral, allié à une énergie scénique phénoménale, en fait un groupe à suivre de très près. Le Muscadeath leur a offert une nouvelle vitrine, et le public ne s’y est pas trompé : les Suisses ont enflammé la soirée et démontré qu’ils s’installent durablement comme l’une des révélations majeures de la scène extrême actuelle.




Mort du réseau noir, Deathcode Society au Muscadeath
Quatrième groupe de la soirée, Deathcode Society a plongé le Muscadeath dans une atmosphère digne d’un rituel nocturne. Formés en 2009 à Annecy, ces Français évoluent dans un registre de black metal symphonique sombre et ambitieux, comme en témoignent leurs albums Eschatonizer (2015) et Unlightenment (2023, Osmose Productions). Habitués des grandes scènes extrêmes (Hellfest, Inferno en Norvège), ils ont apporté à Vallet leur univers mystique, métaphysique et théâtral.
Sur scène, l’ambiance s’est immédiatement teintée de bleu nuit, accentuée par une fumée épaisse et des lumières minimales, renforçant l’aura lugubre du set. Les musiciens, croisés quelques heures plus tôt en zone presse et alors méconnaissables, se sont transformés en silhouettes spectrales : longues tenues sombres, masques de médecins de peste noire. Le contraste était saisissant, et la scénographie a frappé les festivaliers en plein cœur.
Côté son, le rendu a été percutant mais marqué par une compression excessive, ce qui a légèrement émoussé la puissance et la clarté que leurs compositions symphoniques peuvent dégager en studio. Ce détail technique n’a toutefois pas empêché Deathcode Society de dérouler un show cohérent avec leur identité : un théâtre d’ombres sonores, où le lugubre se conjugue avec le monumental.
Le Muscadeath a ainsi accueilli une prestation fidèle à leur réputation : un mélange de black extrême, orchestrations et atmosphères abyssales, servi avec un soin visuel qui a marqué les esprits, malgré quelques réserves sur le rendu sonore.
Belphegor, Le rituel noir au Muscadeath 2025
Difficile d’imaginer une clôture plus marquante pour cette première soirée du Muscadeath 2025 que celle offerte par les Autrichiens de Belphegor. Originaire de Salzbourg et actifs depuis 1991, le groupe s’est imposé comme l’une des figures incontournables du blackened death metal mondial. Avec près de 14 albums à leur actif, un parcours jalonné de provocations et de rituels scéniques, Belphegor a forgé une identité faite de blasphème, d’occultisme et de violence sonore.
Une identité radicale
Signés au fil des ans chez Napalm Records et Nuclear Blast, Belphegor ont bâti leur réputation sur un savant mélange de black metal glacial et de death metal brutal, où s’entrelacent riffs dissonants, tempos effrénés et atmosphères rituelles. Le groupe est aujourd’hui mené par Helmuth Lehner (chant/guitare), figure emblématique et charismatique, accompagné de Serpenth (basse/choeurs), son fidèle compagnon depuis 2006. Ensemble, ils maintiennent vivante une machine infernale où chaque concert devient une messe noire.
Un rituel sur la scène de Vallet
À Vallet, le 19 septembre 2025, Belphegor a transformé la scène du Champilambart en véritable autel de cérémonie. Dès les premières minutes, l’atmosphère s’est chargée d’un parfum d’encens, brûlé tout au long du concert, enveloppant le public d’un halo à la fois mystique et oppressant. Sur scène trônaient crânes d’animaux et ornementations sombres, renforçant la sensation d’assister à un rituel plus qu’à un simple concert.
Le set, d’une heure intense, a offert un panorama saisissant de leur carrière, incluant des classiques mais aussi des extraits de leur dernier album, The Devils (2022). La setlist jouée à Vallet fut un condensé de leur art :
- The Procession
- Baphomet
- The Devil’s Son
- Sanctus Diaboli Confidimus
- Stigma Diabolicum
- Lucifer Incestus
- Virtus Asinaria – Prayer
- The Devils
- Totentanz – Dance Macabre
Chacun de ces titres, porté par la voix caverneuse de Helmuth et la basse vrombissante de Serpenth, a contribué à installer une ambiance aussi malaisante que fascinante.
Une communion extrême avec le public
Le public du Muscadeath, largement acquis à la cause, a répondu présent à ce déferlement sonore et visuel. Belphegor, fidèles à eux-mêmes, ont livré un concert sans concession, où la brutalité et le malaise assumé deviennent les instruments d’une communion avec les fans. C’est dans cette tension entre répulsion et fascination que réside toute la force du groupe : Belphegor dérangent, mais Belphegor captivent.
Au terme de cette première journée du Muscadeath 2025, Belphegor ont confirmé pourquoi ils sont devenus, au fil des décennies, un pilier du blackened death metal. Plus qu’un concert, leur prestation fut une messe noire totale, entre encens, crânes et riffs incantatoires. Un moment suspendu, qui restera comme l’un des points d’orgue de cette 23ᵉ édition.


Asagraum, la déflagration rituelle en clôture
Pour conclure cette première soirée placée sous le signe du black metal et de ses déclinaisons, le festival accueillait Asagraum, formation transnationale fondée en 2015 par la chanteuse/guitariste Obscura.
Dans une atmosphère bleu nuit, saturée de fumée, Asagraum a déroulé un black metal cru et sans concessions, renouant avec l’esprit old school des années 90. Loin des surenchères technologiques ou orchestrales, leur prestation a rappelé que ce genre, dans sa plus simple expression, peut encore saisir et captiver.
Un concert à la fois ritualiste et psychédélique, qui a fermé cette première journée du Muscadeath 2025 sur une note de pure intensité noire. Le public, absorbé par cette expérience sonore et visuelle, est reparti marqué par un final à la hauteur de la réputation du festival.



