Une édition record, entre enracinement local et ambitions maîtrisées
Le Motocultor Festival 2025 restera sans doute dans les mémoires comme une année charnière. En conjuguant fréquentation record, qualité organisationnelle, engagement sociétal et ouverture internationale, le festival breton a confirmé son rôle incontournable dans la scène METAL européenne, retour sur nos impressions.

Une organisation exemplaire grâce au soutien institutionnel
Le Motocultor ne se résume pas à une simple affiche musicale, il est aussi le fruit d’une grosse organisation, appuyée par des partenaires institutionnels pleinement mobilisés. Lors de la conférence de presse, la direction du festival a salué le soutien de la mairie de Carhaix, de la préfecture du Finistère et de l’ensemble des services de l’État. Gendarmerie, sous-préfecture et sécurité civile ont travaillé main dans la main avec l’équipe, à travers des réunions quotidiennes et une veille permanente sur le site et ses alentours.
Ce partenariat solide traduit une réalité bien connue en Bretagne, la région cultive un savoir-faire unique en matière de grands rassemblements culturels. Ici, la coopération entre pouvoirs publics et organisateurs est fluide, naturelle et efficace, ce qui contribue directement à la sérénité et à la réussite de l’événement.
Une programmation éclectique et ambitieuse
Côté artistique, l’édition 2025 a proposé l’une de ses affiches les plus imposantes et variées. Le festival a mis un accent fort sur la scène française, avec 30 groupes nationaux programmés, confirmant ainsi sa volonté de soutenir et d’exposer les talents locaux et émergents. Parallèlement, 80 formations internationales issues de tous les horizons du rock et du metal ont foulé les différentes scènes.
Ce choix de programmation témoigne d’un parti pris clair : refuser les cloisonnements et dépasser les frontières strictes du metal pur et dur. Punk, stoner, progressif, pagan, death ou metal symphonique… Le spectre des esthétiques couvertes reflète la richesse d’un public pluriel, avide de découvertes autant que de têtes d’affiche reconnues.

DAVE MUSTAGE, une des deux mainstage du festival.
Une fréquentation record et un modèle assumé
La fréquentation a atteint des sommets : 17 000 spectateurs par jour, soit la jauge maximale fixée par les organisateurs. Jeudi, 13 500 festivaliers étaient présents, suivis par 15 500 le samedi – un chiffre équivalent à celui de 2024, avant un dimanche à guichets fermés avec 17 000 spectateurs.
Cette dynamique confirme que le festival a trouvé son point d’équilibr, une jauge « taille humaine », suffisante pour créer l’effervescence, mais limitée pour préserver la convivialité. Contrairement à d’autres mastodontes, le Motocultor assume de ne pas chercher une croissance infinie, préférant remplir plus tôt et fidéliser sa communauté de passionnés.
Un site repensé pour plus de confort
L’édition 2025 a marqué un tournant logistique avec le déplacement des deux scènes principales sur la plateforme en dur déjà utilisée par les Vieilles Charrues. Cette réimplantation a radicalement changé l’expérience du public, circulation plus fluide, espaces plus larges, zones de bars et de restauration mieux réparties.
Le site a gagné en confort sans perdre son identité intimiste. Les festivaliers ont plébiscité ces aménagements, soulignant à la fois l’accessibilité et l’ambiance conviviale du site, preuve que le Motocultor réussit à grandir sans se dénaturer.

Les WAMPAS sur la BRUCE DICKINSCENE, un moment complètement fou…
Un ancrage breton affirmé et célébré
L’identité bretonne du Motocultor est plus que jamais revendiquée. Sur le plan gustatif d’abord, puisque 100 % des bières servies provenaient de brasseries locales et micro-brasseries régionales, renforçant le lien avec le territoire. Sur le plan humain ensuite, avec 1330 bénévoles mobilisés cette année, soit 130 de plus qu’en 2024. Leur rôle central témoigne de la force du tissu associatif du centre-Bretagne, qui fait vivre l’événement au quotidien.
Autre geste marquant : l’ouverture du festival aux riverains grâce à un élargissement du périmètre des invitations, ce qui a généré de nombreux retours positifs et renforcé l’ancrage territorial. Enfin, l’édition 2025 a innové avec un espace dédié aux luthiers et artisans de la musique, permettant de mettre en lumière la facture instrumentale française. Une initiative saluée par les musiciens comme par le public.
Un dispositif de prévention renforcé
e Motocultor a franchi un cap dans la prévention. Les équipes ont assuré une présence continue jusque dans les campings au petit matin, avec une distribution massive de capotes de verre et d’outils de sensibilisation.
Ce dispositif s’inscrit dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, tout en favorisant le bien-être global des festivaliers. Loin de se limiter à une affiche musicale, le Motocultor se positionne aussi comme un acteur engagé et responsable, en phase avec les attentes de son public.

L’édition 2026 déjà dans les starting-blocks
La conférence de presse a également permis de dévoiler une première vague de 16 groupes pour l’édition 2026 (du 13 au 16 août). Parmi eux, deux noms marquants :
- Airbourne, déjà culte en live et attendu comme une véritable déferlante de hard rock australien.
- Godsmack, dont le retour rare en Europe est considéré comme un événement.
Les 500 premiers pass en prévente sont déjà partis, confirmant la confiance et l’attente du public.
Défis et perspectives pour l’avenir
L’organisation planche sur de nouvelles améliorations pour l’édition 2026 : gestion accrue de la poussière et de la chaleur via des systèmes d’arrosage, agrandissement du camping, meilleure fluidité de circulation. Tout en adaptant ses infrastructures, le festival entend préserver son format « taille humaine », gage de convivialité.
Économiquement, le Motocultor repose essentiellement sur sa billetterie, contrairement à d’autres festivals très subventionnés. Une hausse des prix est prévue pour 2026 (+20 € sur les pass 4 jours, +5 € sur les pass « Robo »), une évolution rendue nécessaire par l’augmentation des coûts de production.

BENIGHTED sur la DAVE MUSTAGE
Identité des scènes et logique thématique
Un point soulevé par la presse concerne la lisibilité des scènes et l’absence de thématiques marquées. L’organisation reconnaît qu’un travail reste à faire : « Le jour où l’implantation sera stabilisée, nous pourrons travailler sur une identité forte pour chaque scène. »
Néanmoins, certaines couleurs dominantes subsistent, le samedi punk, le dimanche rock/stoner, le vendredi pagan, et le jeudi progressif (avec notamment Magma cette année). Si les affiches totalement thématiques appartiennent surtout au passé, les organisateurs n’excluent pas d’y revenir selon les opportunités artistiques.
Témoignage des bénévoles, Jeff et Jem au cœur de l’action
Le Motocultor ne serait pas ce qu’il est sans ses bénévoles. Parmi ceux présents cette année, nous avons rencontré Jeff et Jem, qui officiaient derrière un bar situé près de la scène La Masse, comme ils disent.
Leur expérience illustre la richesse du bénévolat, fatigue des longues journées de service, certes, mais aussi entraide, liberté d’aller voir des concerts, et surtout sentiment d’appartenance à une aventure collective. Jeff raconte avec humour sa voix cassée après quatre jours de discussions ininterrompues, tandis que Jem, pour qui c’était une première, se dit prête à revenir sans hésiter en 2026.
Les deux insistent sur le climat de prévention et de sécurité perceptible sur tout le site, qu’elles jugent rassurant. Côté musique, leurs souvenirs se bousculent : I Prevail, Lacuna Coil, Landmvrks, ou encore l’enthousiasme suscité par les danses improvisées de Treeskill. Leur conclusion résume l’esprit Motocultor. « Être bénévole, c’est vivre le festival différemment, on fait des rencontres incroyables et on apprend à travailler en équipe. »

ME AND THAT MAN et SOLSTAFIR, belles sensations parmi tant d’autres de cette programmation 2025.

En Définitif
Avec cette édition 2025, le Motocultor a prouvé qu’il était possible d’accueillir un public toujours plus nombreux, d’améliorer les conditions matérielles et de renforcer ses engagements sociétaux, tout en restant fidèle à son identité.
Entre ancrage breton, ouverture internationale et convivialité, le festival a trouvé son équilibre. Une édition record, qui ouvre déjà sur une année 2026 attendue avec impatience.